samedi, décembre 09, 2006

Chronique pour Annette


Je tergiversais à entreprendre mon texte. J'ai encore des choses intéressantes à dire mais j'hésite. Il y a deux épisodes en particulier qui concernent des théophanies et c'est délicat. Des petits incidents très court à raconter, j'en ai beaucoup mais c'est très court et souvent banal. J'ai décidé de jumeler un incident très court et combler le désir d'Annette d'en savoir un peu plus sur mes choix de vie.



L'incident court se produit quelque mois après l'incident à la bibliothèque . C'est la récréation et soudain une voix m'interpelle: "Marcel, voudrais-tu devenir prêtre?". De toute les forces de mon âme j'ai crié en silence: "Non, je veux être libre". La voix me répondit que c'était une bonne réponse et me mit en garde contre certains choix de vie.


Annette écrit "Cela m'intéresserait beaucoup si tu pouvais écrire un texte sur ton bénévolat auprès des cancéreux en phase terminale."


Il y a une quinzaine d'années, ma mère est décédée. Un cancer du foie. Après 80 ans, il y a toujours un organe ou un autre qui flanche. Pour beaucoup c'est le cancer qui se pointe.


Ma mère ne voulait pas mourir tout de suite et surtout pas à l'hôpital. À défaut d'avoir le choix, elle voulait finir entourer de sa famille, dans sa maison.



Les enfants on s'est concertés, on est huit plus deux soeurs de ma mère. Première constatation c'est que les dix personnes n'arrivaient pas à boucler un horaire complet. On comprends que dans les derniers moments, une personne à besoin d'assistance et de présence 24 sur 24. Une de mes soeurs est infirmière, elle a pris un grand congé et finalement on a boucler le temps.



C'est ainsi que Marchello prit conscience du problème. Les baby- boomers arrivent à l'âge ou un médecin pose un diagnostique souvent définitif; Voilà, ça y est, l'ultime préoccupation de homme est droit devant. Tu vis ça comment? Curieusement la religion, mis sur la tablette depuis belle lurette, revient souvent au galop, comme le naturel. Pas pour tout le monde mais pour plusieurs.



Quelques années plus tard j'ai rencontré un étudiant, au grand séminaire de Montréal, qui m'a raconté que comme travail d'été il s'était joint à un organisme, Entraide Ville-Marie, qui s'occupait des cancéreux.............



De nos jours plus personne n'attends la mort dans les hôpitaux, ce n'est pas leur mission. Quand ce n'est pas de l'ordre du curatif, il n'y a pas de lit. Les centres palliatifs sont rares et souvent trop dispendieux: Les enfants n'aiment pas voir leur héritage fondre à vue d'oeil.



Comme bénévole on donne de 6 à 10 heures par semaine, ça donne le temps au conjoint de se changer les idées, faire un peu d'épicerie ou d'aller chez la coiffeuse. Qu'importe ça aide. J'ai dit coiffeuse parce que c'est plus souvent l'homme qui est malade et la femme qui s'en occupe. C'est probablement dû au fait que dans cette génération, les hommes travaillaient à l'usine et la femme restait à la maison.



Nous on est dans le décor que pour la phase final. Quelques semaines rarement quelques mois. On est à l'écoute. Personnellement ce travail m'a désensibilisé face à la mort. Je suis maintenant conscient de l'énorme humiliation que le malade subit en acceptant qu'un étranger pénètre dans son intimité la plus profonde. Vous savez, près de la mort, le coté fier de la dignité humaine prend une chimonaque de débarque.